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Comme les artistes talentueux, avec la conviction et l’assurance, ce qui n’exclut ni le doute ni l’inquiétude, Françoise Ley parvient à imposer l’évidence de son savoir-faire, de son style, d’emblée identifiable par le spectateur, mais elle amorce des remises en cause, des incertitudes, des questionnements formels, des redefinitions spatiales, témoignant qu’elle ne se satisfait pas de l’acquis. Son travail est une sorte de quête, non pas d’un impossible absolu, mais d’une configuration formelle où formes et couleurs se joueraient d’une spatialité complexe imbriquant des profondeurs, des plans étagés, toujours rabattus dans la planéité affirmée du support.

[…]

Cet art délibérément abstrait n’est pas un travail s’inscrivant dans le sillage d’une abstraction défunte. Tout un large pan de l’art contemporain, surtout européen, en célèbre, depuis plus de vingt ans, avec jubilation les funérailles. […] La scène artistique allemande, dont au début de ce siècle, un artiste luxembourgeois audacieux fut un des protagonistes majeurs – Michel Majerus -, a renoué, depuis belle lurette, avec la peinture à l’instar de la scène américaine animée, aujourd’hui, par des artistes “feministes”, tells Mary Heilmann, Suzan Frecon, Amy Sillman, etc. Bien délaissées depuis les années soixante-dix, ells sont devenues, depuis dix ans, les “Stars” confirmés de l’art international. En Asie, en Amérique du Sud, aux Etats-Unis, bien évidemment, on ne peut désormais plus parler d’un retour à la peinture, mais bien plus sûrement d’une peinture de renouveau dans le champ de laquelle se cristallisent les formes et les themes de ce musée imaginaire rêvé par Malraux et accompli par l’Internet. Il n’y a plus, aujourd’hui, d’avant-garde bâtisseuse de cites idéales, mais, bien plus heureusement, la creation de mondes personnels et la poursuite d’aventures singulières qui nous aident à vivre le présent et à espérer en l’avenir. Mieux que ne l’ont fait les avant-gardes du XXe siècle. L’oeuvre de Françoise Ley participe à ces aspirations résolument internationales. Elle participle à cette creation de nouveaux mondes et de nouveaux espaces. Elle accepte d’en prendre les risques. Françoise Ley mérite notre attention […]. Elle oeuvre en vraie professionnelle avec la même énergie que les artistes cités et la même ferveur dont savent faire preuve Sadie Laska, Katherine Bernhardt, Carie Moyer ou Katharina Grosse.“

 

Bernard Ceysson

Ancien directeur des musées de Saint-Etienne

Ancien directeur du Musée national d’Art Moderne, Centre Georges Pompidou, Paris

Ancien directeur artistique de la Fondation musée d’Art moderne Grand-Duc Jean, Luxembourg

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